Protéger les semences autrement : les biosolutions, une alternative durable

Les enjeux cruciaux de la protection des semences

La semence est le point de départ de toute culture. Dès sa mise en terre, elle est exposée à une multitude de menaces : champignons pathogènes, bactéries, insectes du sol, nématodes, mais aussi stress abiotiques comme la sécheresse, le froid ou la salinité. Ces agressions peuvent compromettre la germination, affaiblir les jeunes plants et entraîner des pertes de rendement significatives. Selon la FAO, près de 40 % des récoltes mondiales sont perdues chaque année à cause de maladies et ravageurs, dont une part importante dès le stade de la graine (FAO, 2023).

Le stockage des semences joue également un rôle stratégique : il conditionne leur viabilité, leur vigueur et leur pouvoir germinatif. Une semence bien protégée garantit une levée homogène et vigoureuse, essentielle pour une agriculture durable (INRAE, 2023).

Traditionnellement, cette protection repose sur des produits chimiques de traitement de semences. Bien qu’efficaces, leur usage intensif soulève des préoccupations : résistances, pollution, impact sur la biodiversité et la santé humaine (ANSES, 2022). De plus, la réglementation européenne restreint progressivement leur usage, poussant à explorer des solutions alternatives (Chambre d’Agriculture, 2023).

Les biosolutions : efficacité et mécanismes d’action

Face à ces défis, les biosolutions s’imposent comme une alternative durable. Elles regroupent des produits et pratiques issus du vivant ou inspirés de la nature, visant à stimuler, nourrir et protéger les plantes dès la germination (INRAE, 2023).

Les principales familles sont :

Biocontrôle : micro-organismes, extraits végétaux, substances naturelles
Biostimulants : renforcent la croissance et la tolérance aux stress
Biofertilisants : optimisent la nutrition dès l’émergence

Ces biosolutions agissent selon des mécanismes d’action biologiques complexes, impliquant des interactions entre la plante, le sol et les micro-organismes. Leur efficacité dépend du type de sol, du climat, de la génétique de la plante et du microbiote environnant (INRAE, 2023).

Imagerie in planta et bioluminescence : visualiser l’efficacité des biosolutions

L’un des défis majeurs reste la preuve d’efficacité des biosolutions. Pour y répondre, des technologies innovantes comme l’imagerie in planta par bioluminescence permettent de visualiser en temps réel la colonisation des semences par des micro-organismes bénéfiques ou pathogènes.

Développée par inLux Biotech, cette technologie offre une étude d’efficacité des biosolutions à l’échelle microscopique. Elle permet d’observer les mouvements et comportements de micro-organismes (bactéries, champignons) à l’intérieur même de la graine, permettant ainsi de tester de manière visuelle l’efficacité de nouveaux traitements. Ces données sont essentielles pour adapter les formulations aux conditions spécifiques de chaque culture.

A titre d’exemple, la vidéo ci-dessous illustre l’infection d’une bactérie pathogène sur semences de haricots. La bactérie a été rendue lumineuse : plus l’on voit de la lumière, plus cela signifie que les bactéries prolifèrent dans les semences, et donc que le traitement est inefficace. Ici, les semences de gauche n’ont pas été traitées, contrairement aux semences de droite.

Biostimulants et biofertilisants : renforcer la vigueur dès la graine

Les biostimulants améliorent la vigueur initiale, la croissance racinaire et la tolérance aux stress abiotiques. Ils stimulent le métabolisme de la plante, facilitant l’absorption de l’eau et des nutriments (De Sangosse, 2022).

Les biofertilisants apportent des micro-organismes qui rendent les nutriments du sol plus accessibles, notamment l’azote et le phosphore. Dès la germination, la plante bénéficie d’une nutrition renforcée, ce qui la rend plus robuste face aux agressions extérieures (Vertal, 2023).

Des essais ont montré que certaines formulations permettent une réduction significative des pertes de levée et une amélioration du peuplement, notamment sur blé tendre et blé dur (ARVALIS, 2024).

Des bénéfices multiples pour l’agriculteur et l’environnement

L’intégration des biosolutions dans la protection des semences permet :

Une réduction des produits chimiques (Vertal, 2023)
Une préservation de la biodiversité et des sols (ANSES, 2023)
Une meilleure acceptabilité par les consommateurs (INRAE, 2023)
Une souplesse d’utilisation et une adaptation aux différents contextes pédoclimatiques (INRAE, 2023)

Certaines biosolutions comme les micropeptides ou les extraits végétaux ont montré un effet direct sur des pathogènes tels que Fusarium ou Alternaria, réduisant leur développement dès la germination (SUCSEED, 2025).

Limites et perspectives

Malgré leurs atouts, les biosolutions doivent être intégrées dans une approche globale : sélection variétale, pratiques agronomiques raisonnées, outils d’aide à la décision. Leur efficacité peut varier selon les conditions environnementales, la pression des pathogènes ou la variété cultivée (Chambre d’Agriculture, 2023).

La recherche continue d’innover pour développer des semences naturellement plus résistantes, en s’appuyant sur la microbiologie, la génomique et l’imagerie in planta. Des projets comme SeedBioProtect explorent les réponses moléculaires des semences aux biosolutions pour affiner leur formulation et leur mode d’action (GEVES, 2022).